DJIHAD De l’autoformation Í Sharia4
Ils sont des milliers les jihadistes occidentaux à avoir franchi le pas et qui sont partis pour combattre sous la bannière de l’État Islamique dans les terres du soi-disant « Califat ».
À la différence d’Al-Qaeda, l’EI a réussi à obtenir un large consensus même à « l’étranger » grâce à sa grande capacité d’exploiter les nouvelles techniques de communication.
La savante exploitation de la communication médiatique a permis à l’EI, organisation terroriste formée de groupes de combattants, de se transformer en une structure capable de programmer une activité politique qui attire de plus en plus de jeunes à travers un réseau de communication égal à ceux de grandes sociétés ou de partis politiques qui visent le pouvoir sur des nations entières.
Selon les estimations les plus récentes, les européens partis combattre en Syrie ou en Irak seraient plus de 5 000, sans compter tous ceux qui, sur notre continent, soutiennent l’organisation soit en faisant du prosélytisme, soit en récoltant de l’argent et en fournissant un support logistique.
Parmi les principaux instruments utilisés pour la radicalisation et le recrutement : Internet. Un monde qui prolifère de contenus illégaux et de messages dangereux. Mais combien compte-t-on en Europe de radicalisés qui seraient prêt à partir pour faire le djihad ?
«ALLAH EST GRAND»
Prenons l’exemple du Danemark. En février 2015, au cours de deux différents attentats dont on pense que le responsable était le jeune Omar Abdel Hamid El-Hussein, âgé de 22 ans, deux civils furent tués et cinq agents des forces de l’ordre furent blessés. Le terroriste présumé fut tué par la police. Peu de temps après, des fleurs déposées à l’endroit où le jeune est décédé, ont suscité la polémique ainsi que le choix, fort discutable, d’un groupe de musulmans ayant échangé les fleurs avec un panneau portant l’inscription « Repose en paix. Qu’Allah ait pitié de ton âme ».
Une démonstration de pitié envers le terroriste présumé, que les auteurs auraient mieux fait de dédier aux victimes d’un homme dont la violence était connue bien avant l’attentat. Il aurait pu s’agir d’une erreur, d’un geste de pitié excessif, si le groupe qui avait mis le panneau, ne s’était pas éloigné à l’arrivée de la police en criant « Allah est grand ».
C’est justement ce « cri » qui devrait nous faire réfléchir. Si dans le passé les jeunes tombaient entre les mains de recruteurs habiles qui arrivaient à leurs fins en s’appuyant sur leurs talents d’orateurs et leur capacité d’exploiter le Coran à leur convenance pour radicaliser des individus fragiles et facilement influençables, aujourd’hui la radicalisation prend une autre tournure et atteint des sommets inimaginables. En effet, par le biais d’Internet, chaque jeune, même ne connaissant pas directement les prêcheurs de haine, tombe de lui-même dans le piège de cette radicalisation en écoutant et en regardant les images de prêcheurs et de combattants excités qui célèbrent à tort Allah en propageant leur message de haine.
SI «L’AUTODIDACTE» du JIHAD est une réalité qu’on ne peut pas ignorer, il ne faut toutefois pas oublier que les processus de radicalisation se font la plupart du temps en petits groupes, souvent dans le milieu familial ou dans celui des amitiés, au cours d’une période de recherche intérieure durant laquelle les jeunes, en particulier, sont attirés par l’idéologie jihadiste.
Les nombreux sites qui diffusent la propagande jihadiste, qui permettent aux sympathisants de communiquer en plusieurs langues et non seulement en arabe, permettent de passer à la véritable phase de recrutement, organisée par des facilitateurs qui, grâce à leur passé d’ancien combattants, sont en contact avec des groupes jihadistes et peuvent ainsi se porter garants du « background » des nouveaux adeptes.
Il s’agit souvent de personnes qui se limitent à fournir des conseils sur la façon de partir faire le djihad, de se mettre en contact avec des appartenant à l’organisation, sur la destination… Quand ils ont un niveau de confiance élevé dans leurs nouvelles recrues, ils peuvent aussi fournir directement des contacts, des lettres de recommandation, documents et argent. Tout ceci se passe grâce aux relations nouées à l’intérieur de certaines mosquées ou par internet. Dans ce cas, il est fort probable que la famille ne soit au courant de rien de ce qui se passe.
À la base du processus de radicalisation, il existe un besoin, de la part des jeunes, de comprendre qui ils sont, de chercher à se venger d’une société qui ne leur garantit plus un avenir ou qui les a marginalisés. Il s’agit au fond des difficultés que presque chaque jeune est amené à rencontrer dans la société d’aujourd’hui considérée comme la source du mal-être. À la différence des autres, le radicalisé n’est pas un rebelle qui s’oppose au propre gouvernement en rejoignant un groupe politique d’opposition ou des mouvements séparatistes.
Chez le jeune radicalisé, le désir de quitter son pays joue un rôle important, un facteur qui le rend plus dangereux et en fait la cible facile d’un processus d’endoctrinement qui le poussera à haïr le reste de la société, y compris les membres de sa famille, quand ils ne partagent pas son idéologie. Cette haine s’étend aussi aux musulmans non violents et non fondamentalistes qui sont considérés comme des apostats et en conséquence plus coupables encore que les « infidèles ».
Très souvent il s’agit d’individus naturalisés dans des nations différentes de celle de leur naissance ou encore de fils ou de neveux d’immigrés qui, parfois, marginalisés dans le pays où ils vivent, trouvent dans le djihad une raison de revanche contre un Occident qu’ils ne comprennent pas et qui ne les comprend pas. Des élèves d’un mauvais maître en quelque sorte.
Le profil de ces individus est bien décrit par Antonio Evangelista, ancien commandant de la police italienne au Kosovo avec l’ONU, expert en terrorisme religieux qui, il y a cinq ans, s’était déjà attaqué à un sujet qui attire seulement maintenant l’attention des grands médias. Evangelista, auteur du livre « Madrasse » (et qui va bientôt publier le roman « Califfato d’Europa » inspiré par des faits réels) avait parfaitement décrit la naissance d’une génération d’islamistes d’origine européenne dont l’aspect occidental, le niveau culturel et la vie sociale lui permettaient de se fondre avec le reste de la population en expérimentant la coexistence avec l’ennemi et en cherchant de nouveaux alliés.
Ce n’est que tout dernièrement que des médias et des enquêteurs se sont concentrés sur la manière dont on passe du phénomène de radicalisation et d’endoctrinement aux connections des cellules présentes sur notre continent avec des groupes de combattants en Syrie et en Irak.
SHARIA4
En plus des contacts personnels avec les facilitateurs qu’on vient de décrire, un des réseaux les plus organisés est Sharia4 : un ensemble de cellules présentes dans différentes nations qui a compté parmi ses coordinateurs des individus tels que le fondateur du groupe anglais dit Hizb ut-Tahrir et Anjem Choudary, prêcheur de haine londonien récemment arrêté pour des faits liés au terrorisme islamique et qui avait partagé avec Omar Bakri la direction de al-Muhajirun, un autre groupe d’islamistes radicaux né en Grande-Bretagne il y a environ vingt ans.
Chaque collectif de Sharia4 rajoute au nom initial de l’organisation centrale celui du pays de sa filière. Ainsi sont nées : Sharia4UK, Sharia4Holland, Sharia4Belgium, Sharia4France,
Sharia4Italy, cette dernière ayant été éradiquée avec l’arrestation de son fondateur, et tant d’autres.
Indépendamment du pays dans lequel elle agit, Sharia4 se concentre dans le prosélytisme en organisant des manifestations publiques et des activités de propagande sur Internet, des prières de rue, la distribution de Corans et toute autre activité qui s’avère utile pour le groupe, sa croissance et la propagation de la doctrine islamiste.
Les membres des groupes Sharia4, se déclarent contre le terrorisme, s’habillent avec des larges tuniques, pantalons bouffants et portent de longues barbes à la mémoire des premiers disciples de Mahomet. Toutefois, quand on essaie de bien comprendre, on s’aperçoit que le “terrorisme” qu’ils dénoncent est celui pratiqué par les États-Unis et les pays qui font partie des coalitions internationales qui se battent contre le fondamentalisme islamique au Moyen-Orient. Il s’agit d’une organisation wahhabite dont l’objectif final est la création d’États Sharia en Occident, qui utilise le langage le plus grossier du terrorisme, soutient les mujahidins en les présentant comme des héros, en remplissant ses messages, apocalyptiques et menaçants, de phrases riches de mots en langue arabe et d’images qui montrent les chefs de l’organisation à côté de drapeaux de cellules terroristes ou de monuments européens sur lesquels apparait la shah ada, la bannière de ceux qui pratiquent la religion musulmane.
Le point fort du groupe consiste dans l’exagération des faits négatifs des pays occidentaux, tels que les cas de corruption et tous les scandales, afin de pointer un état irréversible de décadence qui ne peut être vaincue que par le recours à la Loi islamique.
Le danger de ce groupe ne réside pas seulement dans sa capacité de récolter de l’argent pour financer les combattants mais dans son habileté à mettre en contact les fondamentalistes islamiques européens avec leurs homologues du Moyen-Orient.
GIAN JOSEPH MORICI
Dogan Presse Agence