Émeute sanglante dans une prison brésilienne : presque 60 morts
Dans la nuit de dimanche à lundi, une mutinerie a éclaté dans le complexe pénitentiaire Anisio Jobim de Manaus dans le nord du Brésil. Il a fallu plus de 17 heures aux autorités pour pouvoir endiguer les assauts de violence.
Sergion Fontes, secrétaire de l’État d’Amazonie à la Sécurité publique a déclaré que 56 détenus ont été tués dans cette émeute provoquée par des luttes intestines entre les gangs de narcotrafiquants. "Il s'agit du plus grand massacre commis dans une prison en Amazonie", a-t-il souligné.
Douze surveillants et 74 détenus ont été pris en otage durant cette mutinerie qui a duré 17 heures, a rapporté le quotidien Folha de Sao Paulo. Selon le journal O Globo, un certain nombre de prisonniers s’est également échappé durant l'émeute, mais les chiffres n'ont pas été précisés.
De nombreux détenus ont été décapités et les corps jetés par-dessus les murs de la prison, classant ainsi cet épisode d’une rare violence parmi les révoltes les plus sanglantes observées depuis des années dans le système pénitentiaire du pays. Outre le fait de souffrir de surpopulation carcérale, les prisons restent contrôlées par des factions criminelles qui se disputent le contrôle de la drogue. Guerillas internes De fortes tensions entre détenus appartenant au Primeiro Commando da Capital, fondé à Sao Paulo (plus connu sous son acronyme, le PCC) et le syndicat local du crime organisé de Manaus, la FDN (Familia do Norte), ont déclenché ce carnage. Le secrétaire de l’Administration pénitentiaire de l’État d’Amazonie, Pedro Florencio, évoque une possible « vengeance » de la FDN contre le PCC.
On pense que la FDN agissait pour le compte de la bande rivale du PCC, le Commando Vermelho de Rio de Janeiro (CV), deuxième syndicat de la drogue du pays après le PCC. Une trêve entre les deux puissants groupes criminels avait été conclue l'année passée, provoquant ainsi une montée des tensions dans les prisons et des craintes d'une violence imminente.
La plus meurtrière des émeutes carcérales au Brésil a eu lieu en 1992, où 111 détenus ont été tués dans la prison de Carandiru à Sao Paulo, la plupart des mains de la police militaire qui a pris d'assaut le pénitencier après la mutinerie. Depuis cet épisode dramatiques, les règlements de compte se sont considérablement accrus au cours des dernières années, provoquant des dizaines de morts, mais jamais avec l’ampleur du massage de Carandiru.
Au Brésil, le nombre de détenu a doublé au cours de la dernière décennie. Selon le ministère de la Justice, elle a atteint environ 622 000 prisonniers à la fin de l’année 2014, amenant le pays à la quatrième population carcérale au monde, dernière les États-Unis, la Chine et la Russie. Les lourdes condamnations pour crimes liés à la drogue et un engorgement du système judiciaire contribuent en grande partie à la hausse du nombre de prisonniers dont la grande majorité concerne des individus de race noire.
À maintes reprises, les groupes de défense des Droits de l’Homme ont exprimé leurs inquiétudes concernant les conditions de vie inhumaines dans les établissements carcéraux brésiliens, conditions qui jouent un rôle prépondérant dans le déclenchement de violentes mutineries.
B.T.
Dogan Presse