La détention des immigrés risque d’augmenter, les bénéfices des prisons privées grimpent en flèche avec Trump

Les centres de détention privés maintiennent souvent les immigrés dans des conditions déplorables et ne leur permettent que l’aide limitée d’un avocat.

Les nouveaux programmes d'immigration du président des États-Unis, Donald Trump, conduiront vraisemblablement à une détention accrue des immigrés, que les organisations de défense des Droits de l’Homme qualifient d’inhumaines et  de potentiellement anticonstitutionnelles.

Malgré la controverse entourant les maisons d’arrêt privées et les prisons sous le mandat d'Obama, les décisions de Trump continueront à être pleinement exercées avec le recours à la détention qui risque de conduire à des violations massives des Droits de l’Homme tout en enrichissant les entreprises privées qui gèrent ces centres de détention.

Le décret de Trump exige la détention de tous les migrants qui traversent la frontière sud, y compris les mineurs et les femmes avec des enfants. En 2016, plus de 400 000 migrants ont été appréhendés en franchissant la frontière.

John Kelly, que Trump a choisi comme secrétaire du Département de la Sécurité intérieure, dirigera la répression en triplant le nombre d'agents des douanes et de la protection des frontières des États-Unis afin d’avoir plus de main-d'œuvre pour expulser et détenir tout migrant qui tentera de traverser, y compris les familles, les mineurs et les demandeurs d’asile, et avec pour conséquence de bafouer leurs droits en vertu des lois américaines et internationales.

L'administration Trump va également « créer plus d'espace de détention » pour les immigrés en attente d'expulsion, a annoncé mercredi Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche.

Auparavant, la patrouille frontalière pouvait décider de la détention ou de la mise en liberté des migrants dans l’attente de jugement.

Même les migrants en liberté ne peuvent pas facilement prendre de risque incontrôlé en attendant une décision d'un juge de l'immigration. Ils restent dans l’expectative, attendant que leurs cas soient entendus, sans résidence légale ou visa de travail temporaire. Souvent, ils doivent porter des bracelets électroniques que les agents de l’ICE (Agence fédérale de contrôle de l’immigration et des douanes) vérifient régulièrement. Compte-tenu du nombre élevé de cas, il peut falloir jusqu'à deux ans pour qu'une affaire passe devant un tribunal de l'immigration.

Les centres de détention situés près de la frontière méridionale ont été surpeuplés depuis l'été 2014, quand une vague de mineurs non accompagnés et de femmes ayant des enfants est entrée massivement aux États-Unis par le triangle nord de l'Amérique centrale (Guatemala, Honduras et Salvador). Ce phénomène ne s’était pas produit depuis les années 1980 lors les Américains d’Amérique centrale avaient fui des guerres civiles violentes. Le nombre sans précédent de détenus a entraîné une crise humanitaire et provoqué de graves tensions au sein du système d'immigration.

La politique du Président Obama de détenir des femmes et des enfants après la crise migratoire centre-américaine de 2014 a été vivement critiquée. Le cas le plus marquant fut le centre de détention d'Artesia au Nouveau-Mexique, un établissement de 2 400 lits.

En plus des conditions de vie insoutenables, les femmes du centre de détention d'Artesia ont obtenu l'asile à des conditions nettement inférieures à celle du reste de la population immigrée, probablement parce qu'elles ne pouvaient bénéficier que de l’aide limitée d’un avocat. En novembre 2014, le centre de détention a été fermé, mais aucune modification notoire n'a été apportée à la politique de détention de l'administration Obama.

Dans une entrevue avec Bill O'Reilly, en août dernier, Trump a affirmé que son plan d'immigration ne comprendrait pas la détention d'immigrés. Cependant, il a également dit qu'il ne leur permettrait pas de rester chez eux, amenant la question de savoir s'il avait envisagé la mise en place ses propositions au niveau logistique.

En septembre 2016, les groupes de défense des Droits des immigrants ont renouvelé leur appel à mettre fin aux centres de détention privés. À cette époque, Mère Jones a exposé les abus généralisés dans l'industrie privée des prisons, amenant le ministère de la Justice à annoncer qu'il cesserait de signer des contrats avec les maisons d’arrêt privées. Cependant, les centres de détention privés d'immigration restent ouverts.

Il existe plus de 180 prisons pour migrants à travers les États-Unis, où environ 33 000 personnes sont logées par jour. On évalue que 65 % des détenus immigrés le sont dans des centres privés ou travaillant avec des entrepreneurs privés.

« Les centres de détention privés maintiennent souvent les immigrés dans des conditions épouvantables et inhumaines avérées, où l'abus et la négligence sont très répandus », a déclaré le sénateur américain Richard Blumenthal, démocrate du Connecticut, dans un communiqué en septembre 2016.

B.T.
Dogan Presse Agence


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