Poignardé pour une note non réglée ?
Hasan Altay a été poignardé et roué de coups. « Pour rien », disent deux de ses
amis qui étaient présents cette nuit-là.
Hasan Altay, dit “Deniz”, a reçu un coup de couteau au thorax mais celui-ci n’était pas mortel. Le quadragénaire a été roué de coups, a conclu l’autopsie pratiquée lundi.
« Ils lui ont fait une clé de bras autour du cou et l’ont frappé avec une planche. Je n’ai pas vu le coup de couteau, mais j’ai vu le regard suppliant de Deniz.»
Nalan (prénom modifié), une jeune Kurde était venue, comme la victime, s’amuser vendredi soir, rue Galilée, à Saint- Priest. « On y passait souvent boire de l’alcool et écouter de la musique. Pour nous, c’est un pub turc. » À 3 h 15, elle descend
fumer sur le parking avec son copain. À 3 h 30, elle voit Hasan et ses amis sortir à leur tour du bâtiment et dans leur dos, trois types « en mode gros bras », qui réclament « l’addition"
Hasan répond qu’il a payé. Les coups commencent à pleuvoir. Un de ses amis reçoit un bâton sur la tête. La jeune femme se rue alors à l’étage pour réclamer du secours. Un autre client, que nous appellerons Mike, la voit surgir, complètement affolée. Il connaît
bien Hasan et sa famille. Il a repéré lui aussi ces « gros bras », « des barbus sans
moustache qui n’étaient pas là pour faire la fête », mais restaient à l’entrée. Très inquiet, il se précipite sur le parking, tandis qu’en haut, la vingtaine de personnes présentes est enfermée à double tour.
En bas, Mike a le vertige : il voit un type brandir un bâton ensanglanté, un autre par terre, une fille en pleurs et son ami, inanimé au sol. « Je lui tenais les mains sans savoir quoi faire. Les agresseurs se sont engouffrés dans une Audi A3 noire et ont pris la fuite. »
Hasan Altay est-il mort parce que le patron des lieux a cru qu’il n’avait pas payé sa note ?
C’est une des hypothèses étudiées par les enquêteurs, qui écartent pour l’heure le mobile politique.
Un individu a été interpellé et relâché « La rixe pourrait être liée au comportement de la victime », indique une source, précisant que le défunt était défavorablement connu de la justice. « Impossible, protestent les membres de la communauté alévie. Deniz a réglé sa note. C’était un homme très généreux, qui laissait même toujours un peu plus!»
Autre piste envisagée : un conflit en rapport avec le fonctionnement du lieu, présenté officiellement comme une association franco-turque. Le responsable a pu être auditionné.
On apprend qu’un individu a été interpellé et relâché à l’issue de sa garde à vue.
Le conducteur et les passagers de l’Audi, eux, sont toujours en fuite.
Annie Demontfaucon
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