Quand la France insoumise projette d'œuver pour la Paix !
Le match des postulants à la seconde place pour le deuxième tour de l’élection présidentielle a démarré. À quatorze jours du premier tour, Jean-Luc Mélenchon organisait un meeting hier après-midi, à 14 heures à Marseille, avec pour aspiration de convaincre les indécis. Selon les organisateurs, 70 000 personnes étaient réunies sur la Canebière pour le leader de la France insoumise qui a fait montre de la plus grande confiance et insufflé l’espoir auprès de ses partisans. En 2012 déjà, sur la plage du Prado, il avait prononcé le discours le plus marquant de sa campagne sur l’immigration et les vertus du métissage. Cinq ans après, et de façon bien plus concise qu'à l'accoutumée, il a fait un véritable plaidoyer en faveur de la paix.
Face aux 70 000 personnes massées face à la 'Mare nostrum', Jean-Luc Mélenchon a démarré son discours de façon très solennelle. 'Ah la bonne mer, comment est-il possible que tu sois devenu ce cimetière où 30 000 ont disparu dans les eaux ?' lance-t-il avec gravité dès sa montée sur l’estrade. 'Écoutez vous autres, écoutez, c'est le silence de la mort', poursuit-il avant de réclamer une minute de silence pour tous les migrants morts dans la Méditerranée. Sous les applaudissements, il reprend avec force la parole en déclarant : 'Il faut aller а la racine des problèmes et les régler. L’immigration est toujours un exil forcé, une souffrance'. Ce à quoi il ajoute : 'Il est temps par-dessus tout de mettre un terme aux guerres qui ravagent les pays du Sud.'
Un 'enthousiasme nouveau'
Il a ensuite salué un 'enthousiasme nouveau' autour de sa campagne présidentielle. 'Ce n’est pas la première fois que nous sommes si nombreux, si enthousiastes, mais un enthousiasme nouveau attise dorénavant notre ferveur',a-t-il affirmé. 'Ça s’entend, la victoire est а la portée de nos efforts.' Et de poursuivre avec le lyrisme qui le caractérise ! Dans cette campagne présidentielle, 'les rôles avaient été distribués, et la France, paraît-il, était vouée à n'avoir à choisir qu'entre deux extrêmes' : 'l'extrême droite condamnant notre grand peuple multicolore à se haïr entre lui-même', 'et de l'autre côté l'extrême marché, sorte de magie noire qui transforme la souffrance, la misère, l'abandon en or et en argent'. Puis il lance : 'Vous voici, vous autres, le peuple central, celui qui aspire à vivre de son travail, de ses inventions, de ses poèmes, de son goût d’amour pour les autres. Et vous avez maintenu allumée sous la cendre la braise qui dorénavant incendie de nouveau nos clameurs et nos enthousiasmes.'
Candidat pour la Paix
Tribun dans l’âme, Jean-Luc Mélenchon maîtrise l’art du discours politique ! Il s’est alors auto proclamé 'candidat pour la paix'. 'Souvenez-vous de ces jours quand vous irez voter, (de) ces gens qui sont allés derrière lui acclamer l'intervention de Trump, qui n'a encore une fois aucun fondement, aucune légitimité internationale, qui aura été le fait d'une seule personne et qui pourrait vous entraîner dans la guerre', a insisté le leader de La France insoumise. 'Réfléchissez-y: si vous voulez la paix, ne vous trompez pas de bulletin de vote. Et si vous en choisissez un pour la guerre, ne vous étonnez pas si elle finit par arriver. On ne prépare pas la paix en préparant la guerre. On prépare la paix en travaillant à la paix.', a-t-il affirmé avant de présenter le rameau d'olivier, qu'il portait à sa boutonnière, comme le 'nouveau symbole' de sa campagne.
Jean-Luc Mélenchon a également affirmé que la paix se ferait aussi en développant les énergies renouvelables qui 'nous soustraient à la tyrannie des énergies carbonées et des guerres qu'elle porte en elle pour le pétrole'. Et à la genèse de ce travail de paix, il souhaite débuter par 'une alliance pour la sauvegarde écologique de la Méditerranée' partagée par tous les pays qui la bordent.
Concernant l'Ukraine et la Crimée, il explique sa proposition d'une 'conférence de la sécurité en Europe' qui 'aurait à traiter de tous les problèmes surgissant ou ayant surgi entre l'Atlantique et l'Oural'. Elle 'permettrait que la menace épouvantable qui se dessine soit repoussée par les lumières de la raison et de la discussion'. 'Nous autres, Français, nous aurions à dire que nous ne voulons d'aucune guerre, ni petite, ni moyenne, ni grande sur le vieux continent', a-t-il précisé. Par ailleurs, il a affirmé qu'élu président, il ordonnerait le retrait de la France de l'Otan. 'Et le plus vite sera le mieux.' Et de conclure sa harangue par un magistral : 'Je suis le candidat de la paix !'
Une campagne 'fascinante'
Suite aux affaires concernant François Fillon et Marine Le Pen, de nombreux français considèrent la campagne présidentielle comme l'une des pires de la Ve République. Le leader de la France insoumise préfère quant à lui qualifier cette course à l'Élysée de 'fascinante'. Le 7 avril dernier, il avait notamment déclaré avoir 'rarement vu autant le peuple français se chercher' que cette année. Le candidat souhaite donc concentrer cette campagne sur les indécis et les abstentionnistes.
Et à ses militants qui scandaient 'Mélenchon ! Président !', il s’est insurgé contre cette pratique. 'Arrêtez ça, je ne veux pas que mon nom soit un slogan. Guérissez-vous de cette manie. Vous n'êtes pas des dévots, vous portez un programme l'Avenir en commun [...] Je fais ma part du travail, faites le vôtre !'
Jean-Luc Mélenchon qui s’est réjoui de cette 'incroyable, extraordinaire et magnifique démonstration de force' a tenté lors de son meeting dans la cité phocéenne de transformer la dynamique autour de sa candidature en une réelle chance d'être présent au second tour de la présidentielle. Selon le sondage Kantar-Sofres-Onepoint, pour LCI/RTL/LeFigaro, il est en passe d'atteindre cet objectif, encore impensable il y a trois semaines, avec 18% des intentions de vote, devançant François Fillon, le candidat de la droite et du centre dont le score reste stable (17%). Un bond de 6 points par rapport à la précédente édition, à la mi-mars qui le place en troisième position dans la course à l'Elysée…
Béatrice Taupin
Dogan Presse