‘Entendez nos voix, soutenez notre résistance’

L’état d’urgence instauré en Turquie depuis la tentative de coup d’état de juillet 2016, a permis au président, Recep Tayyip Erdogan, de lancer une vague massive de purge où 120 000 employés de l’administration ou du secteur privé ont été renvoyés, 70 000 personnes font l'objet d'enquêtes et plus de 46 000 ont été arrêtées. La lutte contre ces répressions a donc commencé pour certains sous forme de grève de la faim.


L’administration de l’Éducation nationale du pays est la plus touchée par la purge. Selon le dernier bilan, 15 200 enseignants ont été suspendus, 21 000 employés de l'éducation privée ont perdu leur licence et les 1 577 doyens des universités publiques et privées ont été mis à pied. Enfin, 1 043 écoles privées et 15 universités ont été fermées.

Dans le cadre des purges politiques menées par le gouvernement turc, Nuriye Gelmen, chercheure à l’Université de Selçuk, et Semih Özakça, instituteur à l’école primaire Cumhuriyet de MazdaÄŸ à Mardin ont été licenciés en novembre 2016. Refusant de se taire et de se soumettre, ils se sont révoltés contre la vague de licenciement, contre l’état d’urgence et contre la répression. De ce fait, ils ont été à plusieurs reprises arrêtés, placés en garde à vue et molestés.
Le 8 novembre 2016, Nuriye publiait les revendications de leur résistance sur son blog : levée de l’état d’urgence et réintégration de tous les fonctionnaires révolutionnaires et démocrates licenciés et limogés ; arrêt des licenciements illégaux et arbitraires ; réintégration des droits sociaux des 13 000 chercheurs d’ÖYP (Programme de formation du corps enseignant) ; sécurité pour toutes les travailleurs de l’enseignement et des sciences et la Science n’est pas possible sans la sécurité de travail.
Le 9 mars dernier, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, le groupe a annoncé qu’ils entamaient une grève de la faim jusqu’à la récupération de leur emploi. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue, la Direction de la lutte anti-terrorisme se servant de cette déclaration pour justifier leur arrestation. Depuis le 11 mars, début de la grève de la faim, Nuriye et Semih sont tous les jours sur le boulevard Yüksel à Ankara pour résister et lancent un appel pour que leur lutte soit défendue. Car celle-ci doit être connue et largement diffusée. Les réseaux sociaux sont leur arme, et le soutien de tous est leur protection. Plus leur histoire sera partagée, plus ils seront protégés.

Pour les soutenir au bout de 52 jours de grève de la faim alors que leur état de santé se dégrade, le Front anti-impérialiste italien a organisé hier un meeting de soutien devant la préfecture de Massa, en Toscane.


Suite au référendum du 16 avril dernier où le président a obtenu tous pouvoirs, la répression prend une ampleur démesurée en Turquie. Il faut donc soutenir les personnes frappées par la répression mais aussi celles qui osent lutter contre le régime en place. Parce que désormais, en Turquie, se dresser contre l’AKP, c’est être contre la Nation. S’opposer, c’est faire acte de trahison. Résister, c’est être terroriste !

B.T.
Dogan Presse


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