Dersim : victoire après de 90 jours de souffrances !
Kemal Gün, 70 ans, avait entamé une grève de la faim le 24 février dernier afin de récupérer la dépouille de son fils. Il a enfin obtenu gain de cause après 90 jours de résistance.
Quatre-ving dix jours de lutte acharnée, 90 jours de combat, 90 jours de grève de la faim. Pendant ces trois interminables mois, et malgré son âge, Kemal Gün ne s’est alimenté que d’eau salée pour survivre. Mais surtout il a lutté pour faire pression afin de récupérer les restes de son fils, Murat, tué lors de bombardements de l’armée turque le 7 novembre 2016 ainsi que 10 jeunes militants du DHKC (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple).
De la place de KiÅŸla à Dersim, d’où elle partait, la clameur de ce père de famille, « je veux le corps de mon fils » a enfin été entendue.
La semaine dernière déjà, l’avocat de la famille, Engin GökoÄŸlu, avait été informé par les autorités que la dépouille de Murat allait être « envoyée par cargo ». Afin d’accélérer la procédure, et alors que Kemal Gün poursuivait sa grève de la faim, l’avocat a lancé une requête afin que les restes soient rapatriés par avion.
Mardi 24 mai, enfin, le gouverneur de Tunceli, Osman Kaymak, a informé que les os étaient dans la municipalité et qu’ils pouvaient venir les récupérer : « Les ossements de ton fils sont à la Préfecture, viens les chercher. Mais tu n’es pas autorisé à l’inhumer à Dersim. »
Mercredi, Kemal Gün et sa fille Bayhan, accompagnés de leur avocat, sont donc allés chercher les « restes » de Murat et Kemal Gün a pu cesser la grève de la faim.
La famille a décidé d’inhumer Murat au cemevi (lieu de culte alévi) de Hozat où elle a finalement pu lui offrir, hier, une sépulture décente et des funérailles dans le respect des coutumes.
Comment ne pas se réjouir devant l’issue de ce combat mais il reste toutefois un fond d’amertume face à une telle situation. Car il est juste regrettable, voire intolérable, qu’un homme de 70 ans soit contraint de se mettre en grève de la faim, et de surcroit pendant 90 jours, pour obtenir ce qui lui revient de droit : la dépouille de son fils mort au combat...
Béatrice Taupin
Dogan Presse