Nalan Oral, réfugiée politique belge, risque l’extradition en Turquie

Nalan Oral, arrêtée le 6 juillet dernier à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie, risque d’être extradée vers la Turquie où elle risque 30 ans de prison. Une trentaine de personnes se sont rassemblées mercredi après-midi en soutien devant l'ambassade de Roumanie, à Uccle, à l’initiative du collectif belge d’extrême gauche Secours rouge.

Devant l'ambassade de Roumanie, à Uccle, en Belgique, les manifestants ont scandé « Liberté pour Nalan ». Un dossier avait été préparé mais n’a pu être remis car refusé par la représentation diplomatique.

Nalan Oral, est une ressortissante turque, d’origine kurde, bénéficiant du statut de réfugiée politique en Belgique depuis 2012. Membre de l’Union des Femmes Socialistes (SKB, Sosyalist Kadinlar BirliÄŸi Belçika), cette mère de famille de 37 ans a fui le pays après avoir été condamnée à 30 ans d’incarcération pour ses activités militantes en faveur des droits de l’Homme et des femmes mais également contre les répressions qui sévissent dans le pays.

Arrêtée par les autorités roumaines à la frontière hongroise alors qu’elle partait en vacances avec sa famille, celles-ci entendent bien la livrer à la Turquie, en vertu d’un mandat d’arrêt international turc transmis à Interpol. Cependant, son statut de réfugiée lui permettait de se déplacer au sein de l’espace Schengen en toute légalité mais Interpol aurait omis d’apporter quelques précisions dans son dossier, affirme Olivier Stein, avocat de Progress Lawyers Network en charge de cette affaire… Contact a été pris avec les Affaires Étrangères, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides ainsi qu’avec l’ambassade belge en Roumanie pour s’assurer du respect des droits de sa cliente qui risque « de subir des persécutions motivée par ses opinions politiques en cas de retour en Turquie ». Ce à quoi il précise : « La Turquie, qui pourtant persécute un grand nombre de personnes, a la possibilité de délivrer des mandats d'arrêt internationaux intégrés au sein du système Interpol. (…) La Turquie peut profiter des automatismes qui s'appliquent à ce niveau-là, mais le juge a la possibilité de refuser de l'appliquer s'il y a intention de persécuter la personne ».

Le Service public fédéral des Affaires étrangères a indiqué lundi soir à l'agence Belga avoir alerté les autorités roumaines pour les informer que Nalan Oral bénéficie du statut de réfugiée en Belgique et qu’à ce titre, elle ne peut pas être extradée vers la Turquie. Didier Vanderhasselt, porte-parole du SPF précise qu’« en tant que réfugiée, Mme Oral jouit de la même assistance consulaire qu'un ressortissant belge ».

Olivier Stein, affirme quand à lui : « il y a de bons espoirs puisque que le HCR, le Haut Commissariat des Réfugiés aux Nations Unies, est intervenu pour signaler officiellement à la Roumanie qu'il demandait qu'elle ne soit pas extradée. (…) Le ministère des Affaires étrangères belge a également écrit en ce sens-là. On essaie de rassembler toutes les informations possibles pour montrer à la justice roumaine qu'elle est en danger d'un emprisonnement injuste, de torture et de viols en prison, d'après le dernier rapport d'Amnesty International. Son emprisonnement n'est motivé que par ses opinions politiques selon les instances d'asile belges ».

Le 8 juillet, un tribunal roumain a décidé de son maintien en détention. Son cas sera à nouveau examiné lors d'une audience le 17 juillet. En protestation, Nalan a débuté une grève de la faim et déclaré qu’elle la continuerait jusqu’à sa libération.

Béatrice Taupin


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