Rejet de la demande de libération de Loup Bureau

La demande de libération de Loup Bureau, journaliste français détenu en Turquie depuis le 26 juillet, a été rejetée par le juge qui l’avait mis en examen.

Loup Bureau est un journaliste français indépendant de 27 ans ayant collaboré avec TV5 Monde, Arte et le site Slate. Le 26 juillet dernier, il a été interpellé à la frontière entre l’Irak et la Turquie pour avoir été trouvé en possession de photos datant d’un d’un reportage de 2013 et le montrant en compagnie de combattants des YPG (mouvement de combattants kurdes participant en Syrie à la guerre contre Daesh et considéré comme « terroriste » par le gouvernement turc). Il a été mis en examen et placé en détention provisoire le 1er août à Sirnak dans le sud-est de la Turquie pour soupçon d’appartenance « à une organisation terroriste armée. »

« Libérez Loup Bureau »
Jeudi après-midi, à Paris devant le parvis de la mairie du VIe arrondissement, un rassemblement de soutien au jeune journaliste a été organisé par Reporter sans frontières et le comité de soutien Pour Loup Bureau. Christophe Girard, le maire de l’arrondissement, a affirmé : « Il s'agit d'une arrestation politique et c'est donc aux politiques de régler cette situation. Dans ce rapport de force, nous en appelons aux bonnes volontés, quelles qu'elles soient ». Et Loïc Bureau, le père du jeune nantais s’est questionné sur le « silence » des politiques français tout en déplorant le fait de ne recevoir « aucune information de la part du Quai d'Orsay ». Une pétition en faveur de la libération du jeune reporter a également reçu près de 28.000 signatures.

Martin Pradel, un des avocats français du journaliste a déclaré que la demande de libération avait été déposée auprès du juge qui avait mis en examen et placé en détention provisoire Loup Bureau.

Un mois supplémentaire derrière les barreaux
Son avocat a par ailleurs précisé qu« Un appel a déjà été formé contre cette décision, et il devrait être tranché d'ici une dizaine de jours ». Mais, sur sa page Facebook, le Comité de soutien Pour Loup Bureau a indiqué que « Le rejet de sa remise en liberté est synonyme d'un autre mois passé derrière les barreaux et l'obligation d'une intervention du chef de l'Etat pour espérer une libération » et assure être « toujours dans l'attente du deuxième entretien entre Emmanuel Macron et son homologue turc qui devait avoir lieu cette semaine ».
En effet, le 15 août, le président français, Emmanuel Macron, lors d’un entretien téléphonique avec Recep Tayyip Erdogan lui avait fait part de sa « préoccupation » et avait réclamé la libération du journaliste. Un deuxième entretien à ce sujet devait avoir lieu cette semaine.

Rusen Aytac, autre avocat de Loup Bureau a précisé que le jeune journaliste a été « affecté dans une autre cellule, sans aucune raison » et qu’il était désormais « privé de télévision, sa seule compagnie ». Jusqu’à présent, Loup Bureau pouvait passer des appels téléphoniques depuis la prison une fois tous les quinze jours. Au milieu du mois d’août, ses conditions d’incarcération semblaient s’être légèrement améliorées. Après une vérification minutieuse de la part de ses geôliers, des agents consulaires français avaient pu lui remettre des magazines et des livres.

L’incarcération de Loup Bureau vient s’ajouter à celles des centaines de journalistes turcs emprisonnés actuellement dans le pays. Mais leurs confrères étrangers ne sont pas épargnés. Et la Turquie, placée à la 155e place sur 180 au classement mondial de la liberté de presse de Reporters sans frontières affiche une volonté notoire d’étouffer toute expression contestataire. Pays où l’arbitraire fait loi, on peut malheureusement affirmer que la Turquie est désormais la plus grande prison de journalistes au monde.

Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence


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