Dersim : incendies de forêts provoqués par l’état turc

Depuis trois semaines, les feux de forêts se sont multipliés dans les régions kurdes de Dersim, Şırnak et AÄŸrı provoquant un désastre écologique sans précédent qui s’ajoute à une volonté manifeste de l’État turc de dépeupler la région.

Des opérations militaires débutés conjointement dans différentes zones ont provoqué des incendies de forêts dans la région kurde de Dersim. Les incendies provoqués par les bombardements et les tirs d’artillerie de l’armée semblent avoir une très vaste étendue. Dix-huit zones ont été détruites par les flammes et des traces de mortier ont également été trouvées dans 27 endroits différents.
Il y a dix jours, on pouvait déjà déplorer 550 hectares brûlés. Des centaines d’espèces d’arbres ont été réduits en cendre. Des milliers d’animaux ont péris et de nombreuses plantes endémiques ont été détruites menaçant gravement la faune et de la flore.
Les populations locales ont tenté à maintes reprises d’éteindre les incendies mais ont été systématiquement bloquées par les forces de sécurité qui prétendent que les interventions seraient dangereuses.
Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, ces opérations ont pour objectif de dépeupler la région de Dersim en forçant les populations à quitter leurs terres ancestrales provoquant ainsi l’anéantissement de histoire d’un peuple avec ses traditions, sa culture et sa nature.

« L’incendie des forêts est un acte politique »
En Turquie à Istanbul, dans les locaux de l’Association des droits de l’homme (IDH), une conférence de presse a été organisée par les organisations d’Alevis et les écologistes qui ont publié une déclaration commune. Des représentants de nombreuses ONG telles que la Fédération des associations de Dersim (DEDEF), l'Association de protection de l'environnement de Munzur, le Conseil d'écologie du Congrès démocratique des peuples (HDK) et l'Association Pir Sultan Abdal étaient présents. Il a été notamment rappelé que : "La solution n'est pas de continuer à lutter contre les réalités sociologiques avec une telle insistance dépourvue de raison qui va jusqu'à détruire sa propre nature, mais à assurer la paix et le droit universel." tout en mentionnant que "Les feux ne sont pas accidentels et sont le résultat de la politique de l'État turc d'anéantir les peuples ayant des identités différentes et d'abuser de la nature comme un domaine de profit." Hatun Esen, présidente de l'Association Munzur pour la protection de l'environnement, a souligné que : « Ces souffrances auxquelles nos ancêtres ont été soumis en 1938, nous les vivons encore aujourd'hui sous la forme d'incendie systématique de nos forêts et la démolition de nos lieux de culte. Nos ancêtres ont demandé à la nature et aux êtres vivants la permission d'entrer dans les prés. L’État turc lance actuellement des attaques directes contre ce que nous considérons comme sacrés. » Gülizar TaÅŸbilek, s’est exprimé au nom de l'Association culturelle Pir Sultan Abdal en affirmant que l'État turc attaquait systématiquement le peuple et la culture alévie. Enfin, Kiraz ÖzdoÄŸan, membre du Conseil de l'écologie du HDK (Congrès démocrate des peuples) a déclaré : « L’incendie des forêts est un acte politique. Les forêts ne peuvent pas être sacrifiés pour leurs intérêts politiques, font partie de nos vies. Sans les forêts, la vie ne peut être possible. Nous continuerons notre lutte contre les mécanismes colonialistes du capitalisme. »

Plusieurs rassemblement ont eu lieu contre la destruction de la région de Dersim. En France, à Strasbourg, les organisations alevies et kurdes se sont rassemblées pour protester contre les exactions de l’armée turque. En Allemagne, les kurdes de Cologne ainsi que différentes associations et organisations kurdes ont manifesté en protestation contre le massacre écologique provoqué par les incendies allumés par les forces de l’État turc.

Encore une fois, on peut déplorer le mutisme de la communauté internationale ou de l’ONU face à la volonté de la Turquie d’exterminer le peuple kurde ainsi que celui des partis politiques écologistes, ou des WWF face à un tel désastre écologique.

Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence


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