Il faut lutter pour conserver son humanité

C’est devenu un devoir collectif depuis 176 jours où Nuriye Gülmen et Semih Özakça, licenciés au cours des purges massives qui sévissent en Turquie suite au coup d’État avorté de juillet 2016, ont entamé une grève de la faim.

La grève de la faim est l’ultime moyen pacifique de faire entendre ses revendications face à un pouvoir despotique. Mais le combat de Nuriye et Semih a pris une telle puissance qu’il fait trembler le sultan en place. Victor Hugo écrivait : « chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière ». Il est des nuits qui iradient. Des lumières qui aveuglent. Il est des silences qui déchirent les tympans. Des sourires qui illuminent les ténèbres. Cependant du fond de leur cellule, leur vie se réduit inéluctablement telle une peau de chagrin.
Il faut engager la lutte à leurs côté pour les valeurs qui sont les leurs, pour les valeurs qui sont celle de l’humanité. 296 jours de résistance. 176 jours de grève de la faim. 101 jours de détention. Le sacrifice qui est le leur devient chaque jour plus insupportable. Et pourtant ! Ils résistent jusqu’au bout de leurs forces allant jusqu’à sacrifier leur vie pour s’opposer aux répressions. Maîtres de leur destinée, ils sont désormais devenus le symbole de la lutte pour la justice, les icônes d’une résistance populaire.

Le combat de ces deux enseignants soulève les multitudes qui, vaillamment, assaut après assaut tentent de gagner la victoire finale. Beaucoup de mobilisent. Beaucoup ont entamé une grève de la faim comme Esra Özakça, l’épouse de Semih. Au bout de 101 jours, elle a atteint un seuil critique pour sa santé. Elle se bat pour récupérer sa famille, pour Nuriye, mais aussi pour toutes les victimes des purges qui ont perdu leur emploi. Elle résiste pour faire valoir les droits du peuple et sa dignité. Elle crie aux côtés des deux enseignants. Mais elle n’est pas seule. La clameur gronde et s’élève un peu plus chaque jour. Car le temps est compté. Chaque instant peut être le dernier pour Nuriye et Semih.

Alors soyons leurs yeux, soyons leurs cœurs, soyons leurs sourires. Pour que les fleurs piétinées puissent repousser. Pour que les blessures puissent se transformer en cicatrices. L’encre doit couler pour devenir la lumière de la noirceur qui les entourent. La musique doit se faire entendre pour que les notes de la liberté puissent s’envoler. Et leurs sourires qui ont caché des millions de mots ne doivent pas faire place aux larmes du désespoir. Il est trop tôt pour atteindre la fin du voyage. Il faut continuer à croire lorsque l’espoir semble perdu. Il faut continuer à parler de paix lorsque la guerre fait rage. Les ténèbres ne doivent pas envahir le monde. Les peuples doivent résister pour que les sultants d’aujourd’hui deviennent les mendiants de demain…

Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence


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