La roue tourne…
La roue tourne. Inexorablement. La roue du temps, où les minutes s’égrainent. Où chaque instant est une victoire dans un combat qui n’a pas lieu d’être. Dans un combat pour la justice, pour l’honneur et pour la vie.
Le 23 mai dernier, les ténèbres sont tombés brusquement, ensevelissant vivant Nuriye Gülmen et Semih Özakça au fond de la cellule dans laquelle ils ont été jetés. Dans l’obscurité opaque, certains ont voulu faire disparaître deux symboles aux yeux de tous. Pour faire taire la voix de la rébellion. Pour étouffer le souffle de la révolte. Pour effacer les sourires de la dignité et de l’honneur.
Et pourtant… Pour ceux qui savent écouter, on entend encore le souffle, de plus en plus faible, de la contestation. On entent encore deux coeurs qui s’épuisent, symboles de la résistance d’un peuple. Et pour ceux qui savent voir, deux sourires illuminent toujours la noirceur qui les entourent. Mais la roue tourne…
Secondes après secondes, la roue de la vie s’essouffle. Il y a eu des sourires et des larmes, du courage et de la colère mais maintenant la vie s’envole comme la flamme d’une bougie qu’on souffle, comme une plume qui s’élève vers les cieux. Certains diront que ce qui ne peut être changé doit être subi. Et pourtant… Il est des légendes qui se transforment en mythe. Il est des sourires qui illuminent les ténèbres. Ces sourires qui font peur. Ces sourires qu’on veut effacer mais qui resteront à jamais gravés dans la mémoire collective.
Oppressés par le poids des injustices politiques et sociales, Nuriye et Semih sont devenus les héros de l’ombre, les résistants à la fatalité. Et leur courage a la justice comme moteur. Le courage, cette énergie ancestrale qui sublime une personne et la transcende bien au-delà du danger ! Ils vivent leur idéal et le défendent, allant jusqu’à risquer leur vie, allant jusqu’à défier la mort. Ils se battent pour faire respecter leur existence et celles de tout un peuple, au péril de leur intégrité physique et morale. Ils ont fait le choix de poursuivre leur combat et d’ouvrir la voie pour les autres. Il faut du courage pour construire la paix…
Mais la roue du temps s’affole ! Et la résistance doit elle aussi aller au bout de ses forces pour tenter de mettre fin à l’inacceptable. Les foules doivent se lever pour ne pas perdre leur humanité. Les multitudes doivent lutter pour détruire les murs de la tyrannie.
Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence