Polémique sur le Nobel d'Aung San Suu Kyi
Sur Internet, une pétition réclamant de retirer la prestigieuse récompense attribuée à la leader birmane a déjà reçu 350 000 signatures.
Jouissant il y a peu encore d'un immense courant de sympathie en raison de son combat pour instaurer la démocratie dans son pays, la Birmanie, Aung San Suu Kyi est aujourd'hui sévèrement jugée par une partie de l'opinion internationale, qui lui reproche son attitude à l'égard de la minorité musulmane des Rohingyas. Lancée il y a un an sur Internet, une pétition réclamant qu'on lui retire sa médaille du prix Nobel, attribuée en 1991, a pris de l'ampleur ces derniers jours et recueille désormais près de 350 000 signatures.
Dans un édito publié dans le prestigieux quotidien britanniqueThe Guardian, le journaliste et universitaire George Monbiot a affirmé être l'un des signataires. « Je crois que le Comité Nobel devrait pouvoir déchoir les lauréats de leur récompense si ces derniers trahissent les principes pour lesquels ils ont été célébrés », écrit-il.
« Iceberg de désinformation »
De son côté, la chef du gouvernement birman réfute toute accusation de « nettoyage ethnique » à l'encontre des Rohyngias. Lors d'un entretien téléphonique avec le leader turc Recep Tayyip Erdogan ce mercredi, Aung San Suu Kyi a dénoncé « un immense iceberg de désinformation créé pour générer des problèmes entre les différentes communautés et promouvoir les intérêts des terroristes ».
Le 25 août, plusieurs commandos rohingyas avaient attaqué une vingtaine de postes-frontières. Les combats, extrêmement violents, avaient fait 89 morts, dont 10 policiers. Depuis, une vague de répression s'est abattue sur la communauté musulmane birmane, causant la mort de quelque 400 personnes. Fuyant les troubles, près de 125 000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh ces deux dernières semaines, selon l'ONU.
Qu'importe le drame qui est train de se jouer et le rôle joué - ou non - par Aung San Suu Kyi, cela n'aura aucune incidence sur l'attribution de sa prestigieuse récompense. Comme le rappelle Olav Njølstad, le directeur de l'Institut Nobel norvégien, « il est impossible de révoquer un prix Nobel de la paix ». Et de marteler : « Aucun des comités d'attribution de prix à Stockholm et à Oslo n'a jamais envisagé de révoquer un prix une fois attribué. »