Grup Yorum a porté la voix de la liberté Í la « fête de l’Huma » 2017
La 82e édition de la Fête de l’Humanité, plus communément appelée « Fête de l’Huma », s’est tenue du 15 au 17 septembre au Parc départemental George Vallon à la Courneuve. Cinq cent mille personnes se sont pressées dans les allées des différents villages qui la composent afin de profiter des meetings, des débats et des expositions. Plusieurs artistes et groupes se sont produits sur les différentes scènes ainsi que dans les stands. Grup Forum était présent sur celui du Front populaire de Turquie.
Crée en 1930 par le journal L’Humanité, la « fête de l’Huma » est un rendez-vous incontournable pour plus d’un demi-million de personnes. Rendez-vous d’initiés pour la plupart, certains vont à la « Fête de l’Huma » comme d’autres partent en pèlerinage ! C’est le rendez-vous annuel du peuple de gauche mais également une fête populaire, une « fête de la fraternité, de la solidarité » comme l’a défini Pierre Laurent, le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), une « bataille pour la fraternité humaine, pour ouvrir le chemin d’une nouvelle humanité, d’une nouvelle civilisation » a-t-il ajouté.
La « fête de l’huma », c’est également un voyage à travers 450 stands constituant les différents villages tels le Forum social, le Village de l’économie sociale et solidaire, l’Espace numérique, le Village du sport, le Village du livre, le Quartier Ciné…
Mais pour beaucoup, ce sont aussi les concerts, avec une programmation à la hauteur des plus gros festivals de musique. Des artistes légendaires se sont produits sur les scènes de la « fête de l’Huma » comme Ray Charles, Brel, Léo Ferré, Stevie Wonder, Cesaria Evora, Scorpions, ou Johnny Hallyday, pour ne citer qu’eux. Cette années parmi les 60 concerts programmés, les têtes d’affiche étaient Iggy Pop, Renaud et Trust.
« La musique a une puissance qui défie la politique »
Territoire sans frontière où règne tolérance, respect et paix, le Village du monde permet d’aller à la rencontre des peuples, mais surtout il rassemble les scènes des différentes luttes internationales. Associations, partis politiques et mouvements font entendre leurs voix, certains pour dénoncer leurs luttes, d’autres pour partager leurs espoirs de paix, de justice et de solidarité.
Parmi les 100 stands du Village du monde, se trouvait celui du Front populaire de Turquie. Plusieurs débats ont eu lieu sur le thème des répressions, de l’état d’urgence, de la Jeunesse Révolutionnaire ou des prisonniers politiques avec une attention toute particulière pour Nuriye Gülmen et Semih Özakça en grève de la faim depuis 195 jours en Turquie. Injustement accusés d’être en lien avec des mouvements terroristes pour justifier de leur incarcération, ces deux professeurs sont en train de mourir dans un hôpital carcéral pour l’unique motif de vouloir récupérer leurs emplois perdus dans le cadre des purges qui ont cours actuellement dans le pays.
Romain Rolland écrivait : « La musique est la parole la plus profonde de l’âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur ». Pour cette raison, elle est inextricablement liée aux luttes pour la justice, la paix, la dignité. Et il était donc tout naturel que samedi soir, Grup Yorum, symbole de la puissance politique de la musique en Turquie se produise sur la scène du Front populaire. Musique protestataire par excellence, depuis plus de trente ans leurs chansons dérangent. Devenu légendaire, Grup Yorum soutient la lutte des populations turques et internationales ainsi que celle de tous les peuples persécutés. Dans un subtil mélange de contestation et de mélodies traditionnelles, il est devenu le groupe de musique qui symbolise et porte l’opposition, le combat pour la liberté et les droits.
Depuis sa création, Grup Yorum est un groupe engagé présent dans toutes les batailles contre le fascisme, dans les manifestations, les grèves de la faim, les grèves, les boycotts…
Mais cette résistance inquiète le pouvoir actuellement en place et, depuis l’instauration de l’état d’urgence, les répressions à leur encontre prennent une ampleur démesurée. Ses membres subissent censure, torture et emprisonnement. La police dévaste les studios, déchire les partitions, confisque les ordinateurs, casse les instruments. Mais Grup Yorum, c’est la voix des peuples d’Anatolie, c’est l’espoir en la lutte et en la résistance. Ils sont interdits de concert en Turquie : ils se produisent sur les places et dans la rue. Lorsqu’en Europe, certains pays comme l’Allemagne ou la France ont refusé de leur donner des visas, ils ont créé un Grup Yorum en Europe.
Grup Yorum continuera d’exister grâce au soutien populaire car il est le peuple. Oui ! Grup Yorum est un groupe révolutionnaire avec pour armes ses instruments et pour balles, ses notes de musique. Partout où les valeurs fondamentales seront bafouées, où la censure se dressera pour bâillonner les opprimés, Grup Yorum persistera à galvaniser les peuples, ses chansons s’élèveront pour étouffer les clameurs de désespoir, et ses instruments, outils de l’espérance, seront brandis tels des étendards claquant au vent de la liberté.
Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence
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