Harcèlement de rue : le Haut Conseil Í l'égalité sort le cor de chasse
A quelques jours de la présentation du projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles qui prévoit de s'attaquer aux «outrages sexistes» dans l'espace public, l'instance livre ses recommandations. Très fermes
C’est un phénomène massif, violent, stressant, qui crée de la colère, génère un accablant sentiment d’impuissance et d’insécurité. En outre, c’est une violation des droits humains (liberté de circuler et droit à la sécurité). De fait, les violences sexistes et sexuelles subies dans l’espace public sont une plaie. 83% des utilisatrices de transports en commun ont subi des sifflements ou commentaires sur leur physique, leur tenue ou leur comportement, et 87% d’entre elles ont enduré une présence envahissante et oppressante ou des regards insistants, selon une étude de la Fédération nationale des usagers des transports collectifs menée en 2016.
Que faire contre ce mal, souvent appelé «harcèlement de rue» ? La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa qui doit présenter mercredi en Conseil des ministres son projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, a décidé de sévir. Objectif : verbaliser cette forme de harcèlement qui se situe entre la drague lourde et l’agression sexuelle, pour mieux redonner une place égale entre les femmes et les hommes dans l’espace public. Fort bien, mais concrètement ? Alors qu’un rapport parlementaire sur la question a été remis début février à la secrétaire d’Etat, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes, rend publique ce lundi une Contribution relative à la verbalisation du harcèlement dit de «rue». Et invite d’emblée à plutôt adopter le terme de «harcèlement sexiste et sexuel dans l’espace public» (rue mais aussi transports, activités sportives…).
«Outrage sexiste»
Première recommandation : viser tous les comportements contribuant à créer un environnement hostile aux femmes, en s’appuyant sur l’infraction existante d’«agissements sexistes», là où le gouvernement a d’ores et déjà annoncé sa volonté de créer une nouvelle infraction dite «outrage sexiste» (afin d’empêcher toute «confusion dommageable» avec le délit de harcèlement moral ou sexuel). Pour le HCE, la définition de les agissements sexistes dans le code pénal pourrait être la suivante : «Est puni […] tout agissements sexiste, entendu comme les gestes, propos, pratiques, comportements ou images de toute tout nature à caractère sexuel ou liés au sexe d’une personne ayant pour objet ou effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant.» Le HCE préconise une amende prévue pour les contraventions de cinquième classe : jusqu’à 1 500 euros, amende aggravée en cas de récidive (3 000 euros d’amende) ou d’agissements commis par plusieurs personnes (six mois