Lazar Bessadi, souverainiste kabyle, interpelle l’ONU
Militants défenseurs des droits du peuple Kabyle, ils attendent depuis plusieurs mois, voire des années pour certains, l’acquisition de leur passeport biométrique, bloqué par le gouvernement algérien. Lazar Bessadi, 30 ans, défenseur des droits humains, attend une réponse à sa demande de passeport depuis octobre 2016. Il a récemment adressé une lettre aux Nations-Unis dont le contenu suit.
« Depuis plus de deux ans, nous sommes victimes de l’apartheid de l'État algérien. En tant que militants kabyles et défenseurs des droits de l’Homme, nous sommes coupables de notre engagement pour l'émancipation de notre peuple.
Près de 7 millions de kabyles vivent comme des étrangers sur leur propre sol. Leur identité, leur langue et leur culture sont menacées d’extinction par la politique d’arabisation forcenée et de salafisation outrancière que le pouvoir algérien érige comme seule et unique perspective politique en Kabylie.
En 2007, l’UNESCO a classé la langue kabyle parmi les 40 langues dans le monde qui risquent de disparaître. Et si par malheur cela devait arriver, c’est toute l’humanité qui sera amputée d’un maillon dont les conséquences de la disparition sont difficilement mesurables. Notre combat pour la sauvegarde de notre identité et la libération de notre peuple de toute forme de joug s’inscrit inéluctablement dans la dynamique de l’édification d’un monde libre, fort de sa diversité culturelle, le respect et la solidarité entre les peuples qui le composent. l'État algérien déploie ses appareils répressifs et ses institutions judiciaires pour museler toute voix qui remet en cause l’ordre établi. Après avoir fait de la Kabylie une vaste prison à ciel ouvert et une zone de non-droit pour ses propres enfants, il confisque arbitrairement les passeports des militants kabyles pour exercer des pressions sur eux, les pénaliser pour leurs opinions politiques et les amener, par la contrainte, à la soumission.
Le gouvernent algérien mène une véritable politique d’exclusion sociale contre tout citoyen qui assume dignement et publiquement sa kabylité. Beaucoup de fonctionnaires sont radiés de la fonction publique « santé, éducation, sécurité », sur la base d’un simple soupçon de soutien au projet souverainiste kabyle. Ce harcèlement touche parfois même le secteur privé. Nous assistons à des perquisitions policières sans mandat et la mise sous scellés des commerces, sans motif judiciaire.
Nous militants politiques, pacifiques, laïques et universalistes, dénonçons énergiquement ces atteintes gravissimes à la liberté de circuler, un droit garanti par les textes du droit international ratifiés par l’Algérie.
La confiscation massive et sans aucun motif judiciaire des passeports des militants kabylistes (aussi bien ceux établis en Kabylie que ceux résidant à l’étranger, les empêchant ainsi de rejoindre leur familles), s’inscrit dans une stratégie machiavélique de l’Etat algérien qui pousse les jeunes à l’insurrection et à entreprendre des actions désespérées et voire même violentes, une politique qui pourrait à moyen terme plonger toute la région méditerranéenne dans l’instabilité. Nous exhortons la communauté internationale et les ONG de défense des droits de l’Homme à ouvrir une enquête et saisir l’Etat Algérien sur ce chapitre d’apatride.
La liberté de circuler nous est confisquée par esprit de vengeance d’un État raciste et ségrégationniste. Ces pratiques infâmes visent à nous détourner de nos idéaux de liberté et de dignité. Cependant, nous réaffirmons notre détermination à continuer de les défendre conformément au droit international et à nos traditions de lutte pacifique. »
Dogan Presse Agence