24 janvier : journée internationale de l’avocat en danger

Pour la neuvième édition de la journée internationale de l’avocat en danger, la profession ce mobilise ce jeudi en faveur de leurs confrères de Turquie. Le barreau de Lyon et celui de Paris appellent à des rassemblement ce jour à 13 heures.

À l'occasion de la 9ème édition de la journée internationale de l’avocat en danger, en soutien pour les avocats turcs menacés, divers rassemblements sont prévus ce jeudi 24 janvier et notamment à Paris et à Lyon. Le Barreau de Paris a organisé un rassemblement en robe de 13 heures à 14 heures, place de Bolivie,  proximité de l’ambassade de Turquie. Le Barreau de Lyon et la Cibly quant à eux se sont mobilisés à partir de 13 heures devant le Consulat Général de Turquie. Cette mobilisation a pour objectif de mettre fin la vague de répression et de criminalisation des avocats, des magistrats et de toutes les voix critiques qui sévit en Turquie. Ils souhaitent également enjoindre les autorités européennes à ne pas rester silencieuses face à ces attaques à l’encontre de l’Etat de droit et des principes démocratiques.

Depuis de nombreuses années, les avocats en Turquie sont victimes d’arrestations et de procès de masse. Dans les années 90 déjà, des avocats tels que Fuat Erdogan, Faik Candan, Åževket Epözdemir, Medet Serhat ont été assassinés. Depuis cette époque, l’insécurité et les attaques à l’encontre des avocats n’ont jamais cessé.

En novembre 2011, 50 avocats ont été arrêtés parce qu’ils assuraient la défense d’Abdullah Öcalan et certains ont été détenus durant deux ans et demi.

En janvier 2013, 22 avocats qui assuraient leur défense dans cette affaire, membres de l’association des avocats progressistes (ÇHD), ont été arrêtés à leur tour. En novembre 2015, le Bâtonnier de Diyarbakir a été assassiné en pleine rue.

En janvier 2013, une autre arrestation de masse a eu lieu à l’encontre de l’association des avocats du ÇHD. Vingt-deux avocats ont été poursuivis et neuf d’entre eux ont été détenus pour des périodes allant de 9 à 14 mois.

Suite à cela, dans le cadre des purges qui sévissent en Turquie depuis le coup d’État de juillet 2016, les prisons se remplissent de dissidents et notamment les défenseurs des droits de l’homme, les avocats, les activistes politiques, les universitaires, les musiciens, les journalistes et les magistrats font l’objet de terribles représailles et risquent d’être arrêtés à tout moment. Lors de l’État d’urgence qui a été décrété par la suite, les décrets adoptés ont permis la fermeture de certaines associations d’avocats dont l’organisation des avocats progressistes, les avocats pour la Liberté  (ÖHD) et l’association des avocats de Mésopotamie (MHD) ainsi que l’association de juges et procureurs Yar-Sav. Selon le rapport du bureau du Haut-Commissariat pour les droits de l’homme des Nations-Unies, fin 2017 environ 570 avocats ont été arrêtés, 1470 font face à des poursuites et 79 ont été condamnés à de longues peines de prison. Dans la plupart des cas, les avocats sont accusés d’appartenance à une association terroriste et, depuis 2016,  de lien avec l’organisation de Gülen. Au-delà de cela, ils sont, en règle générale, assimilés aux causes des clients qu’ils défendent.

En septembre 2017, les arrestations se sont poursuivies, majoritairement concernant les avocats du ÇHD et un certain nombre de mandats d’arrêts ont été délivrés par le gouvernement turc.

À ce jour, plus de deux cents avocats ont été condamnés à de lourdes peines de prison depuis le 15 juillet 2016. Plus d’une centaine d’entre eux ont été condamnés pour la seule année 2018. Malheureusement, la détention n’est  pas le seul risque encouru par les avocats. Des centaines d’entre eux font face à des poursuites pénales leur interdisant de représenter leurs clients dans certains dossiers politiques et sont en conséquence privés de la possibilité d’exercer librement leur profession. Certains sont sous contrôle judiciaire avec une interdiction de voyager.

La Turquie est devenue un pays où les droits de l’Hommes sont particulièrement mis en péril. La situation des magistrats et des avocats turcs est sans aucun doute l’une des pires au monde. Il devient urgent de les soutenir alors qu'ils ne font que défendre les valeurs de justice et de droit de l’Homme inhérente à leur serment. L’Association des avocats européens démocrates à l’origine de la création de cette journée internationale de l’avocat en danger, divers Barreaux dont celui de Paris ou de Lyon, le Conseil national des barreaux, Défense sans frontière-Avocats Solidaires, l’Institut des droits de l’Homme des avocats européens et l’Observatoire international des avocats en danger se mobilisent chaque jour pour soutenir leurs confrères en Turquie. Des missions d’observations judiciaires sont organisées ainsi que l’accompagnement de leurs confrères contraints de s’exiler. Seule la solidarité internationale permettra de rétablir la justice dans un pays qui n’est plus un État de droit et bafoue les libertés fondamentales.

Rassemblement Lyon : Consulat Général de Turquie - 87, rue de Sèze - 69006 Lyon
Rassemblement Paris : Place de Bolivie - 75016 Paris

Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence


:

Poste similare


Photos de l'article

Video de l'article