L'explosion de Falcon 9, coup dur pour SpaceX... et Facebook

L’explosion a provoqué la perte du lanceur et du satellite israélien Amos-6. Un coup dur pour SpaceX et Elon Musk, mais pas seulement: Eutelsat et Facebook comptaient utiliser la bande passante du satellite.
 
Des explosions, une épaisse fumée noire. Et finalement, plus de 250 millions de dollars partis en fumée. L’explosion d’un lanceur Falcon 9 et de sa charge utile, le satellite israélien Amos-6, est un coup dur pour le trublion américain du spatial SpaceX. L’accident a eu lieu le 1er septembre en cours de matinée sur le pas de tir de la fusée à Cap Canaveral (Floride), lors d’un test statique de routine préalable au lancement, qui devait avoir lieu le 3 septembre. Le groupe a confirmé l’explosion dans un communiqué laconique: "SpaceX peut confirmer qu’en préparation d’un test statique, il y a eu une anomalie sur le pas de tir qui a abouti à la perte du lanceur et de sa charge utile." Aucun blessé n’est à déplorer.
 
Certes, la société d’Elon Musk en a vu d’autres. Elle a su se relever après l’explosion d’un lanceur Falcon 9 en vol le 28 juin 2015, qui avait vu la perte d’une capsule de fret Dragon destinée à la Station spatiale internationale. Mais l’accident d'aujourd’hui n’est pas anodin. L’inévitable enquête sur les causes de l’explosion va très probablement contraindre le groupe californien à repousser les prochains tirs de son lanceur, d'autant que le pas de tir, vu la violence des explosions successives, devra sûrement être reconstruit.
 
Neuf lancements étaient prévus avant la fin de l’année, dont le premier tir d’une fusée Falcon 9 "réutilisée", qui devait mettre sur orbite le satellite SES-10 de l’opérateur luxembourgeois SES. SpaceX devait aussi lancer des satellites de télécommunications Iridium Next, un cargo de fret pour la Nasa ou encore un satellite coréen. Aucun lancement ne devrait être possible de Cap Canaveral en attendant la réparation du pas de tir et les résultats de l'enquête. Si Falcon 9 est à nouveau déclarée bonne pour le vol ces prochains mois, les prochains lancements devraient être effectués de la base l'US Air Force de Vandenberg (Californie), que SpaceX utilise pour certains lancements institutionnels.
 
L'autre conséquence de l'explosion devrait concerner les assurances. En cas de faute avérée de SpaceX, les primes d’assurance des lancements de la société américaine risquent d’augmenter, ce qui impactera sa compétitivité face aux concurrents (Ariane 5, ILS/Proton). L’explosion, la deuxième en 18 mois pour Falcon 9, pourrait aussi à nouveau semer le doute sur la fiabilité du lanceur, alors même que SpaceX avait réussi neuf lancements d’affilée depuis décembre 2015, et récupéré avec succès le premier étage de ses lanceurs à six reprises.
 
SpaceX est loin d’être le seul acteur touché par l’explosion. Le propriétaire du satellite, l’opérateur israélien Spacecom, perd un joujou de 5,5 tonnes estimé à 200 millions de dollars. Facebook et l’opérateur européen Eutelsat vont aussi faire grise mine: ils avaient signé un contrat avec Spacecom en octobre 2015 pour utiliser la bande passante d’Amos-6. L’idée était de développer l’accès à l’Internet haut débit d’une quinzaine de pays africains, notamment une bonne partie de la côte ouest (Nigéria, Ghana), de l’est (Kenya, Ouganda, Ethiopie) et du sud du continent (Afrique du Sud, Zimbabwe).
 
Impact de 50 millions d'euros pour Eutelsat
Dans un communiqué, Eutelsat a estimé l'impact financier de la perte du satellite à "environ 5 millions d’euros pour l’exercice 2016-17, à 15 millions d’euros pour l’exercice 2017-18 et à entre 25 à 30 millions d’euros pour l’exercice 2018-19", soit une cinquantaine de millions d'euros en tout. Le groupe assure qu'il s’engage "à poursuivre le développement du haut débit en Afrique". et qu'il "étudiera d’autres options pour desservir les besoins de clients-clés, en amont du lancement du satellite HTS d’Eutelsat, prévu en 2019, destiné à offrir des services de haut débit en Afrique".


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