Il marche... seul
Le depart d'Emmanuel Macron a suscité un déferlement médiatique indédit, y compris sur les médias du service public.
Renouant avec l'esthétique minimaliste de la Reichsrundfunk dans la dernière période de la République de Weimar, France info, radio de service public, nous a abreuvé jusqu'à satiété des discours de départ de celui qui fut Ministre de l'économie de François Hollande pendant deux ans. Discours d'annonce de sa démission le jour de l'ouverture de l'Université d'été du Medef et discours de passation de fonction le lendemain, plus de vingt bonnes minutes de direct non-stop pour un ministre de la République, une première dans l'histoire de la radiophonie française qui mérite d'être saluée. La tendance à faire de la radio publique un haut-parleur livrant à domicile les discours de certains responsables politiques a donc atteint son paroxysme cette semaine. Il est dommage que les commentateurs des discours ministériels et post-ministériels aient omis de nous décrire comment, la messe dite, l'impétrant est rentré, triste, sans soutien de la part des médias publics et privés, du grand patronat, des thinks thanks néo-libéraux toutes tendances confondues, le costard froissé de douleur, maculé de larmes albuminées, sans même un ticket de bus dans ses poches trouées, comme un bateau dérive, sans but et sans mobile...seul, en marche.
jerome skalski