Rassemblement devant l’ambassade de Turquie Í Rome pour dénoncer les répressions du régime de l’AKP
Le 15 novembre 2017, le Comité italien pour le respect des droits de l’homme, la liberté d’expression et la fin de l’état d’urgence en Turquie organise une manifestation devant l’ambassade turque à Rome.
En Turquie, le régime de l’AKP du président Réceip Tayip Erdogan, a tiré profit du push avorté de juillet 2016 pour instaurer un pouvoir hyperprésidentiel, autoritaire et répressif. Les tensions s’amplifient au sein d’un pays sous état d’urgence où toute forme d’opposition est immédiatement réprimée par la mise en place de purges, par des arrestations quotidiennes, des emprisonnements qui ne se comptent plus ainsi que par l’usage de la torture. De nombreux pays se mobilisent désormais pour tenter de mettre fin à ces oppressions.
Le Comité italien pour le respect des droits de l'homme, la liberté d'expression et la fin de l'état d'urgence en Turquie invite à une manifestation devant l’ambassade turque à Rome, mercredi 15 novembre à 17 heures pour dénoncer les violences du régime de l’AKP mais également en soutien à Nuriye Gülmen et Semih Özakça. Ces deux professeurs turcs sont en grève de la faim depuis le 9 mars pour récupérer leurs emplois perdus arbitrairement par décret-loi. Le 17 novembre se tiendra à la prison de Sincan à Ankara la quatrième audience de leur procès.
Bienvenue en république démocratique turque !
La campagne de répression qui avait débuté après la tentative de coup d’état de juillet 2016 est en train de prendre une ampleur démesurée et l’on peut déplorer l’incarcération de presque 50 000 personnes. Plus de 150 000 fonctionnaires dont des milliers d'universitaires ont été limogés. Le pays a été qualifié par l'ONG Reporters sans Frontière de plus grande prison de journalistes au monde. Chaque jour, avocats, musiciens, militants de gauche se font arrêter et incarcérer sous de fausses accusations.
Nuriye et Semih ont choisi de lutter de façon pacifique en entamant une grève de la faim mais face aux mouvements de solidarité qui se sont créés pour les soutenir, le gouvernement de l'AKP a choisi de les emprisonner le 22 mai, en les accusant d’appartenance à une organisation terroriste. Lorsque leur état de santé s’est dégradé au point de mettre leurs vies en péril, ils ont été transféré à l'hôpital pénitentiaire de Sincan à Ankara. Ils n’ont pas assisté à la première audience du 14 septembre car la justice craignait qu’ils ne puissent s’enfuir. Et deux jours plus tôt, seize de leurs avocats avaient été arrêtés. Nuriye n’a pas pu être présente a la deuxième partie du procès, le 28 septembre, car elle avait été transférée contre son gré au service de soins intensifs de l’hôpital de Nunume à Ankara sous la menace constante d’être alimentée de force.
Le 20 octobre, après la troisième audience à laquelle elle n'a pas pu assister, son maintien en détention a été prononcé. Semih, quant à lui, a obtenu une liberté conditionnelle avec assignation à résidence et port d’un bracelet électronique.
Les deux professeurs continuent envers et contre tout leurs grèves de la faim pour demander l’annulation des décrets et pour récupérer leurs emplois. Cependant leur lutte s’inscrit dans un cadre beaucoup plus vaste : combattre l’état d’urgence et lutter contre les oppressions que subissent des milliers de turcs.
Le 8 novembre, Selçuk KozaÄŸaçlı, le président de l'Association des juristes progressistes (ÇaÄŸdas Hukukçular DerneÄŸi – ÇHD) et avocat de Nuriye et Semih, a été arrêté et mis en garde à vue au commissariat principal de Vatan à Istanbul alors qu’il se rendait à une conférence pour répondre aux attaques contre les défenseurs des droits de l’homme.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a été alertée à de multiples reprises sur la situation des deux enseignants mais plus généralement sur les répressions qui sévissent en Turquie et tout récemment sur l’incarcération de Selçuk KozaÄŸaçlı. À ce jour, rien de concret n’en a résulté. Une lettre signée par plusieurs parlementaires européens et envoyée à Federica Mogherini, vice-présidente de l’Union européenne, afin de lui demander d’intervenir en faveur des deux professeurs, est restée « lettre morte ».
« La solidarité est une arme »
La vie de Nuriye et Semih est désormais suspendue à un fil. Ils ont choisi une forme de lutte pacifique qui les conduit inexorablement vers le point de non retour. Symboles de la lutte pour la justice, emblèmes de la résistance des peuples opprimés, ils se battent pour eux mais également pour les générations futures. Et le courage qui les anime n’a pour limites que leurs vies…
Les membres du Comité italien des droits de l'homme appellent donc à se mobiliser le 15 novembre pour mettre fin à l’état d’urgence en Turquie. Ils réclament également la libération immédiate de Nuriye Gülmen et Semih Özakça ainsi que la restitution de leurs emplois. Ils demandent la sortie de prison de tous les avocats dont Selçuk KozaÄŸaçlı ainsi que la mise en liberté des musiciens incarcérés de Grup Yorum ainsi que celle de tous les militants emprisonnés. Ils appellent à manifester contre les arrestations arbitraires et l’usage de la torture. Enfin ils demandent au gouvernement italien et au Parlement européen de se positionner pour la défense les droits de l’homme. Chaque seconde est décisive et la solidarité est une arme que chacun doit utiliser.
Ambassade de Turquie - Via Palestro, 28 - 00185 Rome - Italie
Béatrice Taupin
Dogan Presse Agence