'BientÍ´t, ils exigeront d'arrêter de respirer': Moscou dénonce les sanctions US contre Nord Stream 2
Les sanctions américaines contre les entreprises associées à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2, promulguées par Donald Trump, empêchent d'autres pays de «développer leur économie», a dénoncé la porte-parole de la diplomatie russe.
Moscou a fustigé ce 21 décembre les sanctions américaines contre les acteurs économiques participant au projet Nord Stream 2. «Un Etat avec une dette publique de 22 000 milliards de dollars interdit à des pays solvables de développer leur économie réelle», a déclaré Maria Zakharova sur sa page Facebook, dénonçant «l'idéologie américaine [qui] ne supporte pas la concurrence mondiale». «Bientôt, ils exigeront d'arrêter immédiatement de respirer. Et beaucoup le feront», a-t-elle poursuivi, ajoutant : «L'idéologie américaine de la vie à crédit a échoué au niveau mondial, ce qui est bien confirmé par le Département du Trésor des Etats-Unis avec son nouveau "mandat d'arrêt économique".»
Le sénateur russe, Alekseï Pouchkov, a pour sa part estimé : «Pour le moment, tout ce qu’on a vu, c’est que le ministre allemand des Affaires étrangères Maas a discuté avec Pompeo de "la forte opposition des Etats-Unis à l’égard de la construction de Nord Stream 2". Ces discussions, c’est tout ce à quoi on peut s’attendre, il me semble. Mais les intérêts de l'Allemagne et la position de son gouvernement sont la dernière chose dont l'administration Trump se soucie.»
Pointant un projet qui pourrait accroître la dépendance des Européens au gaz russe, le président du comité des relations extérieures du Sénat américain, Jim Risch, avait annoncé le 23 novembre de nouvelles sanctions contre les individus et entreprises engagés dans la construction du gazoduc. Validées par le Congrès américain près d'un mois plus tard, ces mesures punitives ont ainsi été promulguées par Donald Trump le 20 décembre.
Construit à plus de 80%, le gazoduc sous-marin qui relie la Russie à l'Allemagne est censé entrer en service fin 2019 ou début 2020 et doit permettre de doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l'Europe occidentale via l'Allemagne, principale bénéficiaire du projet. Il est d'une capacité de 55 milliards de m3 par an, autant que son frère aîné, Nord Stream 1. Comme le rapporte l'AFP, quelque 18% de la consommation annuelle de gaz naturel au sein de l'Union européenne provient actuellement de la Russie via l'Ukraine.
Principale bénéficiaire du projet, l'Allemagne a qualifié ce 21 décembre les sanctions américaines «d'ingérence dans [ses] affaires intérieures». «Le gouvernement rejette ces sanctions extraterritoriales. Elles affectent des sociétés allemandes et européennes et constituent une ingérence dans nos affaires intérieures», a réagi Ulrike Demmer, une porte parole d'Angela Merkel dans un communiqué.
Un Gazoduc qui oppose Washington à l'UE
En tout état de cause, l'annonce des sanctions visant les entreprises collaborant au projet avait déjà été dénoncée la semaine précédente par l'Union européenne. Une position réitérée ce 21 décembre par la voix d'un porte-parole de l'UE.
Le 12 décembre, avant l'adoption officielle des sanctions, le commissaire européen au Commerce et plusieurs ministres et hommes politiques allemands avaient en effet fait valoir leur position. «Par principe, l'UE s'oppose à l'imposition de sanctions à l'encontre de toute entreprise de l'UE exerçant une activité légitime», avait affirmé le commissaire européen au Commerce Phil Hogan cité par l’AFP. Le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas avait pour sa part écrit sur Twitter : «La politique énergétique européenne est décidée en Europe et non aux Etats-Unis. Nous rejetons par principe les interventions et les sanctions extérieures ayant des effets extraterritoriaux.»